AS-SIRAT 1 : L’ORPHELIN DEVENU PROPHETE DE L’HUMANITE
L’ORPHELIN DEVENU PROPHETE DE L’HUMANITE
Au nom de Dieu, le tout Miséricordieux le très Miséricordieux
Que la paix de Dieu et son salut soit sur notre Prophète Mohamed (PSL)
« Vous avez certes dans le Messager de Dieu un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère
en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu fréquemment » S33v21. Le Messager est pour le
musulman, la lumière qui indique le chemin vers le créateur de l’univers. Le Prophète Mohamed dont il
s’agit, est né à la Mecque. Il est né d’un père et d’une mère qui l’a porté comme nous. Seulement, Dieu
lui a accordé une grande faveur en lui confiant la mission de nous transmettre ses volontés. « Dis : « Je
suis en fait un être humain comme vous. Il m'a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique !
Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu'il fasse de bonnes actions et qu'il n'associe
dans son adoration aucun autre à son Seigneur » S18v110. Dieu a bien voulu qu’il naisse orphelin de
père, car son père est décédé deux mois avant sa naissance. Quant à sa mère, elle décéda, quand il a eu
six ans. Son grand père le récupéra après la mort de sa mère, mais malheureusement, ce dernier aussi
mourut, quand il eut huit ans. Pour finir, c’est son oncle ABOU TALIB qui l’accueillit, l’éduqua jusqu’à
son mariage et le protégeât jusqu’à ce que l’ange lui soit envoyé avec la révélation.
Dans certaines traditions, ce genre d’enfance émaillée d’épreuves difficiles, pourrait être qualifié de
mauvais augure. Ainsi, il aurait été rejeté, ou banni de la société sur la base des croyances aux
superstitions, alors que la mort est un phénomène naturel, même si les circonstances nous paraissent
parfois extraordinaire. Le Messager nous dit : « Le soleil et la lune sont deux des signes de Dieu, ils
ne s'éclipsent ni pour la mort ni pour la naissance de qui que ce soit (Al-Bukhârî et Muslim) ». À
travers les différentes étapes de sa vie, Dieu veut nous transmettre des enseignements et nous rassurer
que l’absence de parents biologiques, ne peut pas être un obstacle à la réussite d’une personne. « Ne t'a-
t-Il pas trouvé orphelin ? Alors Il t'a accueilli ! Ne t'a-t-Il pas trouvé égaré ? Alors Il t'a guidé. Ne
t'a-t-Il pas trouvé pauvre ? Alors Il t'a enrichi. Quant à l'orphelin, donc, ne le maltraite pas. Quant
au demandeur, ne le repousse pas. Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le. » S93V. Ces
versets sont descendus, afin de rappeler au messager que le devenir de l’homme dépend exclusivement
de Dieu et non des hommes. Car à un moment de sa mission, il lui est arrivé de se sentir humilié et de
désespérer de son rapport avec son seigneur. Et lorsque ces versets furent révélés, le Messager s’écria
‘’Allahou Akbar’’. C’est à dire ‘’Dieu est le plus grand’’. C’est pourquoi, il est conseillé qu’a parti de
la sourate 93 jusqu’à la fin du Coran, de dire après chaque sourate lue : Allahou Akbar, la ilaha illa
lahou, Allahou Akbar. Dieu est le plus grand, point de divinité digne d’adoration à part lui, Dieu est le
plus grand.
Avant que le Messager Mohamed ne pousse le cri de bonne arrivée dans ce monde, une lumière jaillit
du ventre de sa mère, pour illuminer le ciel. Car une personne pure allait naître, avec une mission
destinée à toute l’humanité. Et le coran révèlera des années après en disant : « Une lumière et un Livre
explicite vous sont certes venus de Dieu ! » s5v15. Oui, parce que la parole pure de Dieu, ne pouvait
être transmise qu’a une personne pure et pleine de lumière. « Et c'est ainsi que Nous t'avons révélé le
Coran provenant de Notre ordre. Tu n'avais aucune connaissance du Livre ni de la foi ; mais Nous
en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs. Et en
vérité tu guides vers un chemin droit » s42v52.
Dans le souci d’une meilleure éducation de leurs enfants, les arabes avaient pour coutume de confier les
nouveaux nés à des nourrices vivant en campagne, car les grandes villes comportaient trop de risques
de déviations des mœurs. C’est ainsi que le Messager y a grandi avec d’autres enfants en apprenant la
solidarité, le courage du travail et le respect des valeurs traditionnelles de probité. Et tous les enfants
d’une même nourrice formaient un nouveau type de fraternité, basée sur le lait. Et on les appelait les
frères et sœurs de lait. Ce lien sacré interdisait le mariage et la belligérance entre les membres. L’islam
n’a pas manqué d’accorder un respect à cette pratique, quand le coran dit : « …Et si vous voulez mettre vos enfants en nourrice, nul grief à vous faire non plus, à condition que vous acquittiez la rétribution
convenue, conformément à l'usage. Et craignez Allah, et sachez qu'Allah observe ce que vous faites »
S2v233.
Certains peuples en Afrique, ont pu garder l’éducation par génération, de sorte qu’à la fin d’un processus
bien élaboré, un chef est choisi et sanctionné par une fête de génération. Cette éducation du village, est
basée sur le respect humain. Elle enseigne depuis le bas âge, comment accorder du respect aux ainés et
aux patrimoines familiaux, sans aucune considération matérielle. Alors que l’éducation en ville est basée
sur la réussite matérielle et les jeux des influences. C’est pour cela qu’en soutien des efforts et des
moyens que nous mettons pour préparer l’avenir de nos enfants, tout parent aujourd’hui doit pouvoir
permettre que ses enfants passent de brefs séjours au village, avant d’aller pour ses vacances à
l’extérieur. Car les vacances en dehors du village ne sont que pour des loisirs. Alors que le passage au
village, participe à son développement humain. Pour faciliter les choses, il suffit d’y construire ne ce
reste qu’une petite maison. Et un enfant qui garde les pieds dans les valeurs traditionnelles d’éducation,
vous rend encore plus fiers par son comportement. C’est donc par les valeurs traditionnelles que Dieu a
bien voulu commencer l’éducation de son Messager. Cela était nécessaire, car le respect du protocole
social, constituait l’un des moyens majeurs de la réussite de la mission à lui confiée.
La bonne éducation lui a valu le surnom de ‘’Mohamed al amine’’, c’est-à-dire l’homme de confiance.
C’est ainsi qu’à l’âge de trente-cinq ans, la Kaaba fut reconstruite par les habitants de la Mecque. Et
lorsqu’après sa construction, il s’était agi de replacer la pierre noire à sa place, les tribus se disputèrent
cet honneur. Mais lorsque le Messager fit son entrée, tout le monde sollicita son arbitrage. Connaissant
la configuration sociologique des familles, il proposa un protocole adéquat, pour éviter des conflits
tribaux. A cet effet, il sollicita un tissu et demanda au représentant de chaque tribu, de tenir un bout de
ce tissu, afin que toutes les tribus bénéficient de cet honneur. Avec une éducation traditionnelle, nos
enfants pourront maitriser le protocole de prise et de distribution de la parole, ainsi que le respect de la
hiérarchie familiale. Et cela nous évitera probablement les écarts de langage à l’égard des ainés, que
nous observons sur les réseaux sociaux.
Quand Dieu envoya le prophète Moïse vers le Pharaon d’Egypte, Moïse fit une doléance, afin de réussir
sa mission. Dieu lui dit : « Rends-toi auprès de Pharaon car il a outrepassé toute limite. [Moïse] dit :
« Seigneur, ouvre-moi ma poitrine, et facilite ma mission, et dénoue un nœud en ma langue, afin
qu'ils comprennent mes paroles, et assigne-moi un assistant de ma famille : Aaron, mon frère, accrois
par lui ma force et associe-le à ma mission, afin que nous Te glorifiions beaucoup, et que nous
T'invoquions beaucoup. Et Toi, certes, Tu es Très Clairvoyant sur nous ». [Dieu] dit : « Ta demande
est exaucée, ô Moïse » S20v24-36. C’est donc en connaissance des réalités de l’environnement et du
protocole, que Moïse a su identifier ses faiblesses en vue de les combler. Pour preuve, dès que le Pharaon
l’a vu, il tenta de le rabaisser et de l’humilier en disant : « Ne t'avons-nous pas élevé chez nous tout
enfant ? Et n'as-tu pas demeuré parmi nous des années de ta vie ? Puis tu as commis le méfait que
tu as fait, en dépit de toute reconnaissance » s26v18, 19. Et à Moïse de répondre : « Je l'ai fait, alors
que j'étais encore du nombre des égarés. Je me suis donc enfui de vous quand j'ai eu peur de vous :
puis, mon Seigneur m'a donné la sagesse et m'a désigné parmi Ses messagers » s26v20, 21.
L’éducation résout le problème de la communication.
Les nourrices n’acceptaient les enfants que si les parents avaient des moyens financiers. Or le père du
petit Mohamed était décédé avant sa naissance et aucune nourrice ne voulait de lui. Halimatou nous dit :
« le Messager nous a été proposé et aucune femme ne l’acceptait dès qu’elle apprenait qu’il était
orphelin, car nous convoitions surtout la générosité des pères ». Après une recherche infructueuse, cette
dernière finit par accepter le pauvre orphelin. Et à sa grande surprise, elle dit : « alors que je manquais
de lait, je lui ai donné le sein et grande était ma surprise de voir ma poitrine s’engorger de lait. Il a tété
à sa faim ainsi que son frère ».
Dans le coran, Dieu nous relate l’histoire de personnes qui croyaient pouvoir ruser avec lui, afin que
nous sachions que nul ne peut se soustraire de sa volonté. Le coran dit : « Le [lendemain] matin, ils
s'appelèrent les uns les autres : « « Partez tôt à votre champ si vous voulez le récolter ». Ils allèrent
donc, tout en parlant entre eux à voix basse : « Ne laissez aucun pauvre y entrer aujourd’hui ». Ils
partirent de bonne heure, décidés à user d'avarice [envers les pauvres], convaincus que cela était en
leur pouvoir. Puis, quand ils le virent [le jardin] dévasté, ils crurent qu’ils s’étaient trompés de chemin
et dirent : « vraiment, nous avons perdu notre chemin. Ou plutôt nous en avons été privés ». Le plus
juste d'entre eux dit : « Ne vous avais-je pas dit : de rendre gloire à Dieu !» Ils dirent : « Gloire à
notre Seigneur ! Oui, nous avons été des injustes ». Puis ils s'adressèrent les uns aux autres, se faisant
des reproches. Ils dirent : « Malheur à nous ! Nous avons été désobéissants. Nous souhaitons que
notre Seigneur nous le remplace par quelque chose de meilleur. Et Nous désirons nous rapprocher
de notre Seigneur » s68v21-32.
L’orphelin a le plus besoin de notre soutien et nul ne sait ce que ce dernier vaudra demain. Ayant vécu
cette situation, le Messager dit : « Moi et celui qui parraine un orphelin serons au Paradis comme ces
deux », c’est à dire l’index et le majeur. Dès qu’il a entendu cette parole, Abdallah Ibn 'Omar ne mangeait
pas un repas sans qu'il y ait un orphelin à sa table. Par l’épreuve de l’orphelin, Dieu évalue notre
compassion envers autrui. Car ce n’est aucunement le souhait de personne, de mourir en laissant ses
enfants dans vulnérabilité. Il ne faut pas non plus tout permettre à l’orphelin, au prétexte qu’il soit
orphelin. Il faut l’éduquer avec les moyens de rigueurs et de douceur. Car le Messager a commencé à
garder les moutons avant l’âge de six ans, en les faisant paitre et s’abreuver en brousse. Il ne faut pas
non plus confondre la rigueur et méchanceté ou de haine. Traitez-les, comme vous auriez aimé qu’on
vous traite. Notre comportement à l’égard d’un orphelin est le miroir de notre foi réelle en Dieu : « Vois-
tu celui qui traite de mensonge la Rétribution ? Car c'est lui qui repousse l’orphelin ». S107v1- 2.
« La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté
pieuse est de croire en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son
bien, quel qu’amour qu'on ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents
et à ceux qui demandent l'aide et pour délier les jougs, d'accomplir la Salât et d'acquitter la Zakât »
S2v 177.
C’est cet orphelin dont le père et la mère sont décédés dans la tendre enfance, qui est devenu l’une des
plus grandes personnalités de l’humanité.
Imam Amadou Dosso, Mosquée ATCI Faya
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