AS-SIRAT 2 : LA VIE DU PROPHETE AVANT LA REVELATION

 LA VIE DU PROPHETE AVANT LA REVELATION

Au nom de Dieu, le tout Miséricordieux le très Miséricordieux

Que la paix de Dieu et son salut soit sur notre Prophète Mohamed (PBL)

« Vous avez certes dans le Messager de Dieu un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère

en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu fréquemment » S33v21. La vie du Prophète Mohamed est

constituée de deux périodes majeures. La première période concerne sa vie avant la révélation. Cette

période nous renvoie à son adolescence, sa jeunesse, son mariage et sa participation active dans les

activités économiques et sociales de la communauté. Car, bien que les signes de la prophétie étaient

percevables depuis son enfance, sa mission prophétique par contre, n’a commencé qu’à l’âge de 40 ans,

par la révélation des premiers versets du Saint Coran. Lors d’un voyage en Syrie au cours de son

adolescence, le moine Bahira a fait observer ceci à Abou Talib : « quand vous avez paru du côté de Al-

aqabah, chaque pierre et chaque arbre sont tombés prosternés, chose qu’ils ne font que pour les

prophètes ». La deuxième période de sa vie concerne sa vie après la révélation. Cette période nous

renvoie aux comportements que Dieu souhaite voir en nous, à travers la révélation de l’islam « Et Nous

ne t'avons envoyé qu'en tant qu'annonciateur et avertisseur pour toute l'humanité. Mais la plupart

des gens ne savent pas » S34v28. Et Lorsqu’on interrogea sa femme Aïcha sur le comportement du

Messager, elle a simplement répondu que son comportement était le Coran. Il était tellement bien

éduqué, qu’il n’a eu aucun problème avec ses contemporains, quelle que soit la différence de tribu et de

religion. Et ce comportement exemplaire lui a même valu les félicitations de la part de son Seigneur,

quand le Coran dit : « Et tu es certes, d'une moralité éminente » S68v4. Dans tous les cas, les deux

périodes de sa vie regorgent d’éléments permettant à tout musulman de s’enrichir en tout point de vue.

Lorsqu’il eut 12 ans, son oncle l’associa à ses voyages d’affaires commerciales, au Yémen puis en Syrie.

Ces voyages lui ont permis d’apprendre à faire du commerce à intérieur et à l’extérieur de la Mecque.

C’est évidemment cette expérience en affaire, qui a conduit Khadîdja à le coopter comme agent

commercial pour la vente de ses marchandises. Et celle-ci deviendra son épouse par la suite. Le bon

comportement seul ne suffit pas pour prospérer dans la vie, il rassure tout simplement. Mais pour réussir,

en affaire, il faut du savoir et de l’expérience. Mais cela ne s’acquiert que par le travail et la pratique.

L’oncle du messager l’avait bien compris, et c’est pour cette raison qu’il initia son neveu a une activité

rémunératrice. Car même s’il n’y a pas d’âge pour apprendre du savoir, il y a tout de même un âge pour

apprendre à travailler. La période propice pour apprendre le travail, est la période où l’individu n’a aucun

mal à obéir aux ordres qu’on lui donne. Mais lorsque le complexe d’obéissance commence à s’installer

en une personne, la fierté l’empêche de saisir toute opportunité lui permettant d’avoir une valeur ajoutée.

C’est pourquoi depuis l’âge de cinq ans jusqu’à l’adolescence, le Messager a appris à être berger. Et de

sa jeunesse jusqu’à la révélation, il enchaina de petits métiers pour ne gagner de l’argent que par le

travail.

Une tête pleine de savoir théorique, sans la moindre capacité à le monétiser, est vraiment un effort

gratuit. « Ceux qui croient et font de bonnes œuvres auront pour résidence les Jardins du « Firdaws

» s18v107. C’est-à-dire que même en matière religieuse, la croyance en Dieu n’est utile que si elle

s’accompagne d’actions véritables. Nous aimons certes nos enfants, et pour cela, il nous faut intégrer

dans leurs vacances, des « jobs de vacances », des stages ou des métiers, car ce sont de bons moyens

pour leur permettre de savoir convertir les théories d’école en véritable profit financiers. La vie d’adulte

est certes trop difficile pour que nos enfants soient privés d’une enfance de qualité, mais attention à ce

que cet amour ne soit pas subtilement un encouragement à la paresse. Sinon, on aura formé un brillant

intellectuel résolument destiné au chômage.

A l’âge de quinze ans, le Prophète participa à la lutte contre les injustices faites aux opprimés, et contre

le non-respect des interdits de la cité ainsi que du mois sacré. A ce propos il dira : « j’ai témoigné dans

la maison de Abdullah Ben Jad’an, d’un pacte que je n’échangerai pas contre les meilleurs chameaux, et même si on m’invitait maintenant en temps d’islam à une réunion semblable, j’y assisterai avec bon

gré ». Un bon musulman ne doit pas se dérober de ses obligations collectives où qu’il soit. Les activités

du syndic de la cite, de son quartier, du village etc., doivent bénéficier de sa participation. Car le

Messager dit : « Chaque jour où le soleil se lève, l’homme doit s’acquitter d’une aumône pour chacune

de ses articulations. Réconcilier deux personnes est une aumône. Aider un homme à enfourcher sa

monture ou l’aider à y charger ses affaires est une aumône. Prononcer une bonne parole est une

aumône. Chaque pas accompli, en direction de la mosquée afin d'y effectuer la prière est une aumône.

Et ôter un obstacle du chemin est une aumône. » (Al-Bukhârî et Muslim). Pour être donc heureux de sa

foi, il faut pouvoir accomplir son devoir de culte envers Dieu, en même temps que ses devoirs citoyens.

A l’âge de vingt et cinq ans, le Prophète partit pour la Syrie en tant que commerçant, pour le compte

d’une femme d’affaire noble et riche du nom de Khadîdja. C’était une femme qui employait des hommes

pour son commerce, contre un pourcentage sur les bénéfices. Quand elle fut informée des qualités de

commerçant du Prophète et de sa probité morale, elle envoya son émissaire vers lui, afin de lui faire une

proposition d’affaire et le contrat fut conclus. Après son retour de voyage, Khadîdja fit le constat que

son nouveau partenaire avait fait plus de bénéfice que les anciens. Et comme l’esprit mercantile féminin

n’était pas trop loin, elle songea à joindre l’utile à l’agréable. Car trouver un homme honnête, intelligent,

sincère et bon commerçant, ne courait pas les rues de la Mecque. Par l’intermédiaire de son amie Nafissa,

elle lui proposa le mariage. Il l’accepta volontiers et après les démarches effectuées par les parents du

Prophète, le mariage fut célébré avec une dot de vingt chameaux. Ainsi donc le coran dira plus tard :

« Et épousez les femmes avec l'autorisation de leurs responsables et donnez-leur une dot convenable »

s4v25. Mais « le mariage le plus béni par Allah est celui qui aura occasionné le moins de dépenses »,

nous enseigne le Messager. Selon la plupart des textes, elle avait quarante ans et lui en avait vingt-cinq.

C’est-à-dire qu’elle avait quinze ans de plus que lui. Loin de penser qu’il était un gigolo, la suite des

évènements nous fera découvrir après, que Dieu avait choisi Khadîdja, pour beaucoup plus qu’une

relation amoureuse et l’accomplissement de devoirs conjugaux. Le rôle de Khadîdja fut tellement

énorme que lorsque l’ange Djibril venait dans la demeure du messager, il disait : « Dieu adresse ses

salutations de paix à Khadîdja. Et elle lui répondait : la paix vient de Dieu, qu’il en soit ainsi sur toi

également ». Même après la mort de Khadîdja, le Prophète ne cessait de parler d’elle, au point que sa

femme Aïcha éprise de jalousie lui demanda pourquoi se souvenir tant de quelqu’un déjà décédé. Et le

Prophète de répondre ceci : l’amour de Khadîdja est l’une des plus grandes grâce que Dieu m’ait faite.

N’oublions jamais que même la mort n’arrête pas l’amour d’une personne qui a été d’une utilité

remarquable. Soyons utile aux autres, car le Messager dit : « le meilleur des humains est celui qui est

utile aux autres »

Trois éléments principaux ont contribué à la réussite de la mission de l’islam et Khadîdja en faisait

partie. Le premier élément était la révélation elle-même et sa source, le deuxième était la maturité et

l’expérience de Khadîdja, sa connaissance de la société et la maitrise de soi. Car avant son mariage avec

le Prophète, elle était veuve de deux précédents mariages. Le troisième élément de la réussite de sa

mission, est le soutien indéfectible de ses compagnons. Et à chacun de ceux qui l’ont soutenu, le

Messager a rendu un hommage mérité. Concernant les compagnons le Messager nous dit : « N'insultez

pas mes Compagnons ! Car, si l'un d'entre vous dépensait en or l'équivalent de [la montagne] de Uḥud,

il n'atteindrait pas la quantité de deux paumes de l'un d'entre eux, ni même sa moitié ! » (Al-Bukhârî et

Muslim). Quant à Khadîdja, il lui annonça que le Seigneur lui avait construit une demeure spéciale dans

son paradis.

Relativement au rôle de Khadîdja, il faut savoir qu’elle fut la première personne à être convaincue de la

mission de son époux. Car il n’y a aucun doute que la réaction des proches est déterminante pour la suite

d’un projet visé. Si vos proches sont convaincus, ils deviennent votre soutien contre les contestataires.

Et même quand il s’est agit de rendre public le message, Dieu exhorta son Messager de commencer par

ses proches : « Et avertis les gens qui te sont les plus proches. Et sois bienveillant pour les croyants

qui te suivent » S26v214. Le soutien de Dieu est certes suffisant en toute chose, mais l’aide des humains est nécessaire, parce qu’elle développe la confiance en soi et vous stimule davantage. C’est une règle

que Dieu lui-même nous a établi.

Khadîdja a joué le rôle de la mère et celui de l’épouse à ses côtés. Quand il a reçu le message pour la

première fois, il avait quarante ans et elle en avait cinquante-cinq. L’apparition de l’ange l’avait

tellement terrifié qu’il courut à la maison et se précipita dans les bras de sa femme, comme l’enfant qui

croit que sa mère peut tout vaincre. Elle l’a donc couvert et serré dans ses bras. Et grâce à un bon

coaching, elle le rassura. Nous en parlerons avec plus de détails au chapitre de révélation, incha Allah.

Au-delà de la figure emblématique, Khadîdja fut le symbole du soutien inconditionnel à son époux. Elle

utilisa sa fortune et son expérience dans la réussite de sa mission. De son vivant, sa famille n’a manqué

de rien et elle a tellement protégé l’honneur de son mari, que personne n’a jamais entendu la quantité

des soutiens financiers et psychologiques qu’elle lui apportait. Malheureusement après la mort de

Khadîdja, il y a eu un si grand vide dans sa vie, qu’il arrivait que la nourriture manque dans sa maison,

malgré l’existence plusieurs épouses. Est-ce à dire donc que les femmes ne se valent pas dans la vie en

couple ? c’est juste un questionnement et non un jugement.

Il est important de noter que le mariage de Mohamed et Khadîdja a eu lieu avant l’islam. Parce que le

mariage est d’abord une affaire de famille. L’élément qui a déterminé la réussite de leur vie de couple

est la bonne éducation. L’éducation est la base de la réussite de toute relation de couple et non le volume

des enseignements religieux qu’on a mémorisés. En principe et au regard de l’éducation donnée, chaque

famille peut savoir d’avance si son fils ou sa fille peut tenir dans un mariage. Tous les deux avaient reçu

une bonne éducation, et elle fut une bonne épouse grâce à l’éducation qu’elle avait reçu de ses parents

et les expériences de couple qu’elle avait vécu.

Pour une femme, La disponibilité, le respect, la protection de l’honneur de son mari et la soumission

sont des qualités qui la rendent spéciale pour votre mari. Mais l’indépendance, l’émancipation,

l’autonomie, l’insoumission et les comportements de défiance, sont certes adaptés pour les luttes

féminines, mais font de la femme une étrangère aux yeux de son mari. Ne vous laissez pas tromper par

des « coachings » qui confondent les valeurs d’une femme dans la société et les valeurs d’une femme

dans le mariage. Même si ces deux valeurs sont complémentaires pour l’épanouissement de la femme,

leur confusion peut occasionner des crises qui la déstabiliseraient. La soumission s’entend par faire

profil bas, tout en ayant un comportement honorant. Car là où on a vu le Prophète regretter l’absence de

son épouse, j’ai pu voir lors d’un enterrement un homme remercier Dieu, pour le décès de sa femme,

parce que dit-il, il n’en pouvait plus. Et j’ai pu aussi entendre une femme dire « que Dieu soit loué »

lorsqu’on transportait le corps de son mari, car selon elle, elle venait d’être libérée.

Avant la révélation, le Prophète était pondéré dans tout ce qu’il faisait. Ses silences prolongés l’aidaient

dans ses méditations profondes sur la vérité. Son esprit fertile et son instinct purs le guidaient sur la

réalité de la vie en communauté. Ainsi, il se détourna de toutes les pratiques superstitieuses qui le

répugnaient. Il vécut parmi les gens en toute clairvoyance et participa à toutes les activités rationnelles

et utiles. Et dans le cas contraire il retournait à sa solitude habituelle : « Les serviteurs du Tout

Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s'adressent

à eux, disent : « Paix » s25v63. Il dit lui-même : « je n’ai jamais désiré faire ce que faisaient les gens,

avant l’islam, a l’exception de deux fois quand par curiosité, je voulais assister aux festivités d’un

mariage. Mais dès que je me suis approché, le Seigneur m’a assourdi et je n’ai pu rien entendre ».

Que Dieu nous guide davantage sur le chemin qui mène à lui.

Imam Amadou Dosso, Mosquée ATCI, Faya

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